Le raisin et le vin sont maîtres à bord du Domaine Solence
Situés entre Carpentras et Mazan, Jean-Luc et Anne-Marie Isnard posent leur valise à 150 m d’altitude au pied d’une montagne qui culmine à 1900 m pour créer le Domaine Solence en 1992. Tout de suite engagés dans la culture biologique, ils exploitent aujourd’hui 14 hectares de vignes. Leur grand principe : travailler avec la nature et non contre elle. Trois Fois Vin vous emmène au pays de la cuvée Cippus 2018, que les abonnés de la box Buissonniers vont pouvoir découvrir ce mois-ci.
Jean-Luc, Anne-Marie, vous étiez parmi les pionniers du bio quand vous avez créé le Domaine Solence, qu’est-ce qui a motivé votre conviction immédiate ?
C’était lié à nos métiers respectifs de départ. Anne-Marie était Ingénieure agronome de formation et je travaillais pour un laboratoire, en Suisse, qui faisait des certifications pour des achats de légumes avec un cahier des charges bien précis. Dans ce cadre, on analysait des résidus de traitement afin de certifier les produits. Donc lorsque nous avons décidé de nous lancer dans la création d’un domaine viticole c’était LA condition de départ de le concevoir en bio.
Quel est le point de départ du Domaine Solence ?
Le point de départ, c’est quand mon père a pris sa retraite. Il a laissé son exploitation à mon frère et 4 hectares de vignes éparpillées pour moi. C’est ce qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai souhaité avoir quelques hectares de plus pour pouvoir en vivre. J’ai acheté 4 hectares à des vignerons qui partaient à la retraite. Avec 8 hectares, j’ai pu m’installer et démarrer l’activité en 1993. Ma femme a quitté son emploi en 1997 pour me rejoindre sur l’exploitation. Nous avons trouvé ensuite des terres à louer, pour avoir 24 hectares au total. Mais avec autant de terre, nous ne faisions quasiment que de la vente à l’export, et ce n’est pas vraiment ce que nous souhaitions. Anne-Marie et moi avons donc diminué notre surface à 13 hectares et à présent un peu plus de la moitié de nos ventes sont faites directement au Domaine.
Comment avez-vous rencontré Marie-Dominique Bradford de Trois Fois Vin ?
Nous nous sommes rencontrés au salon Millésime bio il y a quelques années. Depuis elle nous fait confiance.
Quel est l’avantage pour vous d’être diffusé dans une box de vin comme celle de Trois Fois vin ?
Nous sommes un petit domaine, donc cette box de vin, nous permet une large diffusion auprès de potentiels amateurs de vin qui ne nous connaissent sans doute pas. En plus, c’est un concept moderne comme système de diffusion. Les gens qui sont abonnés à Trois Fois Vin ont une relation de confiance avec Marie-Dominique Bradford, c’est précieux et c’est mieux qu’un simple acte commercial. Nous trouvons que notre vin est mis en valeur de cette façon.
La cuvée « Cippus » que les abonnés de la box Buissonniers recevront dans leur box est en AOP Ventoux, est-ce une appellation renommée ?
C’est une AOP du vignoble de la Vallée du Rhône créée en 1973, mais sa notoriété pèche par le fait qu’elle est à côté d’une grosse appellation qui est 10 fois supérieure en volume : les Côtes-du-Rhône. L’appellation Ventoux a souvent été étouffée et mal considérée. Elle avait d’ailleurs, fut un temps, mauvaise réputation sur des vins trop légers. Aujourd’hui, le Ventoux a beaucoup évolué, il y a énormément de caves particulières qui mettent en valeur les terroirs. Le consommateur est en pleine découverte de ces petits trésors cachés dans l’appellation.
C’est une appellation avec un terroir très diversifié…
Oui, vous avez des argiles, des sables, des zones nord, des zones sud et des altitudes différentes, et tout ça, donne des expressions vraiment typées avec des vins très personnalisés. On peut faire de longues extractions comme des vins fruités et légers. Il y a vraiment une immense possibilité pour le vigneron. Il y a de véritables pépites à trouver.
Justement, «Cippus » est une de ces pépites du Ventoux, que signifie le mot de Cippus ?
Cippus vient du mot « Cep » en latin. Le cep de vigne, le bois de vigne qui pousse.
Quelle est l’histoire de cette cuvée ?
Le premier Cippus est né en 1997. C’était la première cuvée que nous mettions en élevage. Dans Cippus il y a 50% de Grenache et 50 % de Syrah, c’est elle que nous élevons en barrique de 2 ou 3 vins pour ne pas typer le vin sur le bois et pour que le terroir puisse se ressentir. Nous voulions aussi laisser au Grenache son expression.
Comment définiriez-vous Cippus 2018 ?
C’est un vin sur la rondeur et beaucoup de longueur. Il fait partie de nos vins haut-de-gamme au Domaine Solence. Nous vendangeons les raisins mûrs, et quand vous goûtez ce raisin le jour de la cueillette, la peau ne vous paraîtra pas tannique en bouche parce que les tannins, justement, seront bien mûrs. Une fois les raisins rentrés en cave, même après la vinification, on ne retrouve pas d’astringence, c’est ce qui donne cette longueur au vin.
Est-ce plutôt un vin de garde ou plutôt un vin que nos abonnés peuvent déguster dès à présent ?
Sur les premières années, il y aura plus de fraîcheur bien sûr. On peut le boire dès maintenant avec tout le fruité du Grenache encore bien présent. On décidera aussi de le garder quelques années sans problème. Si c’est dans de bonnes conditions, il va se bonifier.
Avec quel plat je peux déguster ce Cippus 2018 ?
Pour ceux qui aiment savourer du vin rouge en apéritif, il sera délicieux, mais sinon avec des plats à base de viandes rouges, une sauce un peu épicée, une daube provençale, un civet ou des gibiers. Il faut quand même un plat assez consistant qui ait du gras et de la matière. Avec des truffes, ce sera merveilleux, en plus nous sommes dans le pays de la truffe. Véritable institution le marché aux Truffes de Carpentras se tient toutes les semaines de la mi-novembre jusqu’à la fin mars !
Vous avez terminé votre vendange, pensez-vous avoir un Cippus 2021 ?
Je viens de terminer de décuver aujourd’hui justement. Tous nos vins sont encore séparés dans chaque cuve, donc les assemblages ne sont pas encore faits. Les rendements sont très petits, mais les qualités sont très belles sur les Syrah et le peu de Grenache cette année. On s’’adapte en fonction de l’année. Comme la Syrah va passer en barriques en vieillissement, c’est surtout après qu’on regarde comment elle va évoluer. Cela se fait étape par étapes. C’est la dégustation qui nous guide et nous fait décider. C’est le raisin et le vin qui sont maîtres à bord. Nous faisons tout pour le mieux, et après nous laissons le vin nous guider.
Photo: Domaine Solence
Carte : Vins-rhone.com
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