Des tisanes pour la vigne ?
Chez l’homme, les bienfaits des plantes ne sont plus un secret, mais qu’en est-il pour la vigne ? De plus en plus de vignerons tentent de protéger leur vigne le plus naturellement possible avec des tisanes. Ils le font en diffusant en début de floraison, ou avant une période de gel, des tisanes de prêle, d’osier, ou de thym. Trois Fois Vin vous transporte au pays des plantes et vous en explique les vertus appliquées au monde viticole.
Les tisanes s’utilisent sur la vigne en alternance, pour lutter efficacement et naturellement contre les maladies (notamment le mildiou et l’oïdium) et renforcer les défenses de la vigne. Ces infusions, 100 % d’origine naturelle, vont permettre également de réduire les doses de soufre et de cuivre utilisées en agriculture biologique.
Les infusions de thym, d’origan, de sarriette, de reine-des-prés vont aussi aider à préparer la vigne au gel. Notamment en modifiant un petit peu la composition de la sève, en l’enrichissant en sucre. Cela va permettre de baisser le point de gelée sur les jeunes bourgeons. Les orties, l’achillée millefeuille, ou encore la consoude… Chacune de ces espèces ont d’incroyables vertus pour soutenir la vigne au gré des saisons.
Ces préparations entrent directement dans la plante pour la protéger. Elles sont répandues directement sur le sol, au pied des plantes. Notamment utilisées en biodynamie, et comme un traitement systémique, elles vont circuler dans la sève de la plante. Les tisanes protègent donc la vigne même après le passage de la pluie. En plus de la défense en elle-même, elle va prémunir durablement. C’est un peu comme une tisane géante diffusée sur les vignes.
Tisanes pour la vigne à la prêle
La décoction de prêle sera un véritable fongicide contre le mildiou et l’oïdium de la vigne. Elle va réduire la création de micro-organismes, annonciateurs de maladie. Cette plante est composée de minéraux et d’oligoéléments qui jouent un rôle important dans la résistance de la vigne face à certaines maladies. En culture biodynamique, on la nomme « préparation biodynamique 508 ». Elle s’utilise dans les sols avant la pleine lune de Pâques pour diminuer les premières contaminations de mildiou. La prêle est récoltée lorsque la lune est ascendante de septembre à mai. On la laisse ensuite sécher à l’ombre. Puis on la coupe en petits morceaux avant de la mettre dans des sachets stockés à l’abri de la chaleur, de l’humidité et de la lumière.
Tisane d’osier
La tisane d’osier n’est autre que de l’écorce et des feuilles de saule séchées et broyées. Elle permet une stimulation des défenses naturelles des plantes, une diminution de l’impact de l’humidité et le contrôle l’ouverture des « pores » de la feuille.
Tisanes pour la vigne à base d’autres plantes
La camomille, aide la vigne à mieux réguler les coups de chaleur tout comme et favorise la formation des sucres dans les fruits, l’achillée millefeuille. À l’inverse, la valériane s’utilise en prévention du gel. Elle crée un « manteau de chaleur » et elle cicatrise après la grêle, enfin, elle favorise la floraison. L’ortie fortifie la flore microbienne du sol et stimule les défenses naturelles des plantes. La consoude fortifie aussi la flore microbienne du sol, la multiplication cellulaire (en cas de grêle ou blessures dues à la taille), la floraison et la nouaison. Le saule, quant à lui, renforcerait les préparations fongiques et faciliterait le bouturage.
Les préparations
Les préparations d’extraits végétaux sont accessibles à tous selon plusieurs méthodes en fonction de la nature de la plante mais aussi de l’effet souhaité :
– Infusion ou Tisane obtenue en chauffant les plantes dans de l’eau jusqu’à la température adéquate puis laissée infuser jusqu’au refroidissement total de la préparation,
– Décoction obtenue en chauffant les plantes dans de l’eau ou de l’alcool alimentaire jusqu’à ébullition durant un laps de temps plus ou moins long,
– Macération obtenue en laissant macérer les plantes dans de l’eau froide ou de l’alcool alimentaire pendant plusieurs heures ou jours,
– Purin résultant d’une macération dans de l’eau jusqu’à obtenir une fermentation naturelle,
– Huiles essentielles obtenues par une distillation à l’eau dans un alambic. Cette préparation étant très concentrée, des précautions supplémentaires sont à prendre en compte et une section leur est dédiée sur le centre de ressource ici.
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