« La fraîcheur et le croquant sont pour moi le gage de la qualité d’un vin » Rencontre avec Yann Todeschini, vigneron
Château Mangot et château La Brande, c’est une histoire de famille. Mais quelle histoire exactement ?
C’est vrai que c’est une histoire de famille, mais une histoire relativement jeune car elle implique trois générations. Notre grand-père est parti de rien : d’abord 1, puis 2, 3, 4 hectares avant d’avoir véritablement plus de moyens dans les années 70. De gros investissements ont été réalisés par mes parents dans les années 80, et maintenant mon frère et moi nous occupons des deux domaines, Château Mangot et Château La Brande. L’année 1992 marque une belle étape avec notre première bouteille de Grand Cru : et depuis 2001, nous produisons 100% en Grand Cru.
Notre souhait est de sortir du côté « château » et de ses clichés. Nous ne voulons pas être sclérosés, mais plutôt continuer à nous remettre en question et à rester créatifs, au travers d’une dimension humaine et vigneronne.
Quelle est votre histoire avec Trois Fois Vin et Marie-Dominique ?
Depuis 15 ans, Marie-Dominique suit nos vins avec attention. Elle a connu les premiers grands millésimes : 97, 98… On est toujours restés en contact avec elle et elle a vu l’évolution du vin. Elle suit le fil conducteur de notre histoire, nous a fait confiance en sélectionnant nos vins pour Trois Fois Vin, c’est donc forcément un attachement sentimental très fort (le vin, c’est également cela !).
Surtout, Marie-Do, c’est une vraie pro : elle a la compréhension du vin et peut le goûter « brut de cuve », ce qui n’est pas le cas de bien des professionnels ! Elle le goûte sans se poser la question du prix, du millésime, de la cuvée… le vin pour ce qu’il est vraiment, et c’est tout. Son avis m’est toujours précieux.
Parlez-nous du Château Mangot 2010, que les abonnés Echanson et Grands Cachottiers ont pu découvrir dans leur box…
Ce vin est assez représentatif de ce qu’on peut attendre d’un Saint-Emilion Grand Cru, et de notre envie de proposer un vrai grand vin accessible. Il exprime la richesse de notre terroir, de coteaux et plateaux argilo-calcaires, qui est notre chance. Nous voulons le dompter, exprimer sa complexité, nous refusons de faire du pur « fruits gourmands ».
Ce vin est un assemblage de Merlot, de Cabernet Franc et de Cabernet Sauvignon. Avec la dominante de Merlot, on a la belle intensité du fruit, avec la fraîcheur du calcaire (et pas d’arôme confituré). D’année en année, on s’efforce de représenter ce qui est planté, d’avoir une constance dans le style et dans l’équilibre. La fraîcheur et le croquant, l’intensité de fruit sont pour moi le gage de la qualité d’un vin.
Comment pratiquez-vous votre métier, à quoi tenez-vous particulièrement ?
On produit notre vin sous aucun label ni accréditation. On veut rester nous-mêmes, on refuse d’entrer dans une case. On travaille sans insecticide, sans pesticide, sans fongicide. On communique peu là-dessus, mais les gens le savent. Plus on travaille avec perfection et précision dans le vignoble, moins on a à travailler dedans : c’est comme cuisiner avec de bons produits, ça change tout ! Nous sommes plus des passionnés de viticulture que d’œnologie.
Plus de 80% des vins de Bordeaux sont vendus par des négociants, et les vignerons n’ont pas toujours un droit de regard sur le circuit de distribution. Nous, on vend principalement en direct, on est trop attachés à nos produits. Une partie est vendue à des particuliers, une autre à une quarantaine de cavistes indépendants que l’on connaît tous par leurs prénoms. Outre le produit, la relation humaine est primordiale… On est transparents avec tout le monde, on propose un prix quasi identique chez ces cavistes qu’en direct chez nous. Vous pouvez les trouver sur le site www.troisfoisvin.com et à la cave Trois Fois Vin !
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