“Famille, harmonie et partage” au Château des Arras
Dans les des box Tastevin et Buissonniers du mois de décembre, les abonnés de Trois Fois Vin ont pu découvrir un peu de la famille de Claudine, Anne-Cécile et Marie-Caroline en bouteille à travers la cuvée Hestia 2018. Rencontre avec Anne-Cécile qui gère la viticulture et les vinifications du Château des Arras à Saint Gervais, au nord de Bordeaux.
Anne-Cécile, quelle est l’histoire du château des Arras?
Au XVe siècle, le château était un fort militaire avec des douves, un pont-levis et une tour. Au XVIIIe siècle, les douves ont été bouchées, un toit a été posé, les fossés ont été comblés, des ouvertures ont été crééq, avec des ailes et des dépendances. La particularité de la propriété, c’est que c’est un clos de 19 hectares d’un seul tenant avec un mur de 3 km.
Depuis quand votre famille est au Château des Arras ?
Le château est entré dans notre famille en 1899 et dans les années 50, c’est notre grand-père Jean Rozier, grand avocat des vins de Bordeaux et amoureux du vin qui a décidé de planter entièrement les terres qui entouraient le château, de vignes. C’est lui qui a développé le coté viticole de la propriété.
Combien d’hectares exploitez-vous aujourd’hui ?
Nous en avons 28 au total surtout plantés en cépages rouges et avec un peu moins d’un hectare de blanc. Nous faisons aussi un peu de rosé, mais c’est surtout historique, et anecdotique.
Le Château des Arras est resté dans la famille de façon indépendante ?
Exactement, c’est notre père Jean-Edouard, qui a repris la propriété en 1987, mais comme il est décédé en 1993, c’est notre maman, Claudine, qui a tout repris. Elle n’y connaissait pas grand-chose en vin avant son mariage et s’occupait plus de l’administratif que de la technique, elle a dû tout apprendre. Au départ, elle s’est entourée de personnes très techniques qui l’ont aidé et en 2000, elle a souhaité tout gérer seule, des vignes, au chai et le reste. C’était un sacré challenge.
Quand avez-vous intégré le château avec votre sœur Marie-Caroline ?
Pour moi, c’était une évidence. Je savais que je serais sur la propriété depuis toute petite. Ma sœur, en revanche, pas du tout. Elle voulait surtout s’en éloigner. Elle est partie vivre en Nouvelle-Zélande où elle a quand même découvert les vins du Nouveau Monde. Elle a fait une école de commerce, mais à un moment donné s’est posé la question de savoir si elle restait à l’étranger ou si elle rentrait en France et avec son compagnon, ils ont décidé de revenir en 2014. Et finalement, le vin a fini par la motiver. Elle s’est rendu compte qu’il y avait un vrai potentiel au château. Aujourd’hui, elle gère toute la partie commerciale et la communication.
De mon côté, j’ai fait un BTS viti-oeno, puis une licence science de la vigne et du vin et master. Puis je suis partie en Bourgogne, parce que j’étais très centrée sur le Bordelais. Depuis 2014, je m’occupe de toute la partie technique du Chateau des Arras. Nous sommes très complémentaires toutes les deux ainsi qu’avec notre maman. Toutes les décisions sont prises à trois.
Vous avez fait évoluer le château depuis que vous êtes revenues toutes les deux ?
Oui, il y a avait beaucoup à faire sur la partie commerciale. Au départ, nous faisions 80 % de négoce et 20 % de mise en bouteilles. Notre but était de faire l’inverse. Dans les vignes, aussi, il y eut beaucoup de restructurations. Nous sommes notamment passées en HVE3 puis actuellement en cours de conversion à l’agriculture biologique. Nous avons aussi, depuis conçues des cuvées végan. Notre maman avait également débuté une activité d’œnotourisme, que ma sœur à beaucoup développée depuis avec des chambres d’hôtes, des balades dans les vignes, des rencontres…
Comment avez-vous rencontré Marie-Dominique Bradford de Trois Fois Vin ?
Je l’ai découverte sur les réseaux sociaux et puis à travers l’association Women Do Wine dont je suis membre. Puis j’aimais bien le concept des box de vins.
Quel est l’avantage d’être diffusé dans une box comme celle de Trois Fois Vin ?
La box de Trois Fois Vin permet déjà de toucher un public que nous n’avons pas l’habitude d’avoir. C’est ultra positif pour nous.
La cuvée Hestia que les abonnés des box Tastevin et Buissonniers ont reçu en décembre possède une étiquette originale avec des animaux les uns sur les autres, pourquoi ?
Nous avons une devise : « Famille, harmonie et partage » et l’Hestia c’est tout à fait ça. Nous tentons de vivre en harmonie avec la nature et nos animaux. Et nos animaux (poules, chevaux, chat, chiens …) sont vraiment très présents sur la propriété. L’hiver, nous accueillions aussi un troupeau de brebis. Tous les animaux qui sont sur l’étiquette sont chez nous. Hestia, c’est la déesse de la famille. Cette pyramide représente aussi la famille au sein du château.
Quelle est l’histoire de cette cuvée Hestia ?
C’est une cuvée que nous avons commencé à travailler en 2016, mais destinée au départ au négoce. Mais avions trouvé que c’était vraiment un joli profil de vin, et nous avons décidé de faire le 2018 en le retravaillant en amont. L’idée, c’était de faire un entre-deux entre notre cuvée Prestige qui passe 12 mois en barrique et notre cuvée traditionnelle qui est plus sur le fruit. Nous avons sur Hestia, le côté fruité et boisé qui vient sublimer le fruit. C’est un boisé très gourmand avec tout de même une belle complexité et un peu de sucrosité en bouche. On est pas sur du bordeaux classique. Nous avions envie d’un vin « bistrot », à déguster le midi avec un bon plat.
Est-ce que je peux aussi le mettre en cave et attendre encore un peu pour le déguster ?
Oui bien sûr, mais c’est tout de même un 2018, donc encore 5 ans pas plus. Il faudra quand même, pour le déguster le carafer ou l’aérer au moins une heure avant pour qu’il soit vraiment optimum à la dégustation.
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