Un (grand) Saint-Amour du Domaine Chardigny
Le Domaine Chardigny est situé entre le Mâconnais et le Beaujolais, sur la commune de Leynes. 20 hectares de vignes cultivés en bio, par trois frères Jean-Baptiste, Victor-Emmanuel, et Pierre-Maxime qui répond ici à nos questions. Les abonnés Trois Fois Vin de février pourront découvrir la cuvée « Le Clos du Chapitre » 2018, un cru du Beaujolais puissant et complexe.
Pierre-Maxime, qu’elle est l’histoire du Domaine Chardigny ?
C’est un domaine qui est dans la famille depuis mon arrière-arrière-grand-mère, donc depuis le 18e siècle. Il a été réparti par la suite entre mes grands-parents et leurs frères et sœurs. Mon père, lui, avait quelques vignes de Beaujolais villages en métayage qu’il a fini par arracher à cause de la crise du Beaujolais primeur. En 2013, sans être sur l’exploitation à plein temps, nous avons voulu avec mes deux frères et mon père, replanter le vignoble. Nous faisions ça les soirs et les week-ends en parallèle de nos jobs respectifs. En 2015, j’ai définitivement quitté mon travail de vendeur de vin à Paris pour me consacrer à plein temps au domaine. Mes cousins ont proposé par la suite de nous revendre les vignes familiales qu’ils possédaient et en 2016, ils nous ont donné des Saint-Amour en fermage.
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Note TroisFoisVin : la différence entre fermage et métayage ? Le fermage est un contrat de bail par lequel un fond rural, des terres, des vignes, est loué. Il est cultivé en échange du paiement d’un loyer. En cas de métayage, le propriétaire reçoit plutôt une part des produits du domaine.
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Comment est-ce que cela se passe avec vos trois frères sur le domaine ?
Victor-Emmanuel, le plus jeune, à démarré sur le domaine en 2016. Il m’a rejoint après avoir terminé son Diplôme National d’Oenologue à Dijon et après une alternance d’un an dans un domaine de Châteauneuf-du-Pape. Il a également travaillé pour Bruno Clair en Bourgogne à Marsannay-la-Côte durant un an. Mon second frère, Jean-Baptiste travaillait pour le Domaine Leflaive à Puligny-Montrachet, qu’il vient de quitter pour, à terme, nous rejoindre. Il nous aide pour le moment et souhaite récupérer des vignes d’appellations que nous n’avons pas encore. L’objectif final, est d’être tous les trois avec mon papa Jean-Michel.
Votre papa, a toujours baigné dans le vin ?
Oui, toujours. Il a travaillé durant 37 ans, dans la mise en bouteille de vin de domaine pour la société SOBEMAB. Pendant toute sa carrière, il mettait en bouteilles plein de jolis domaines de Chablis à Châteauneuf-du-Pape. C’est lui qui nous a donné le goût du vin. Chaque année, on faisait les vendanges chez des vignerons grâce à lui.
Aujourd’hui, combien la famille possède d’hectares de vignes ?
Nous cultivons 20 hectares de vignes en culture biologique. Dix hectares en blanc et 10 hectares en rouge. Sur les 10 hectares de rouge, nous possédons six hectares de gamay sur l’appellation Saint-Amour, dont deux hectares du « Clos du Chapitre », et quatre de « A la Folie ». Se rajoutent 50 ares de Pinot noir, et 3.5 hectares de Beaujolais villages avec lequel nous faisons du Coteaux Bourguignons, du rosé, et du Beaujolais primeur.
Cela représente une production de combien de bouteilles par an ?
Nous vendons des bouteilles, mais aussi du raisin, du jus de raisin et du vin en vrac. Nous avons aussi la chance de travailler avec plusieurs vignerons, comme Jean-François Ganevat dans le Jura, ou Jean-Louis Dutraive à Fleurie, ou Robert Denogent à Fuissé qui nous achètent du raisin.
Un vigneron du Jura, ou d’une autre région peut donc acheter du raisin à un vigneron du Beaujolais par exemple?
Oui, tout à fait, mais le vin produit sera hors appellation, il sera en Vin de France. Dans le Jura, par exemple, ils ont eu pas mal de problèmes de gel, et cela leur permet d’être plus sécurisés, avec tout de même des vins à vendre malgré les aléas.
Comment avez-vous rencontré Marie-Dominique Bradford de Trois Fois Vin ?
J’ai découvert Trois Fois Vin à travers les réseaux sociaux, LinkedIn pour être précis. J’ai trouvé que le principe de la box était très sympa pour faire découvrir mes vins.
Quel est l’avantage pour vous qu’une de vos cuvées soit diffusée dans une box telle que Trois Fois Vin ?
Nous avons démarré en 2016 et malgré notre potentiel de 150 000 bouteilles produites sur une belle année, nous n’avons pas encore la clientèle pour les vendre. Avant d’être connus, il faut du temps. Avec trois Fois Vin, nous entrons chez des consommateurs qui ne nous connaissent pas, et qui je l’espère, vont aimer notre vin. C’est un canal de diffusion précieux.
La cuvée que vont découvrir les abonnés Trois Fois Vin, en février, est un Saint-Amour 2018, “Le Clos du Chapitre”, pouvez-vous nous en parler ?
C’est une cuvée complexe, puissante et charpentée conçue grâce à une macération pré-fermentaire à froid.
Qu’est-ce qu’une macération pré-fermentaire à froid ?
Quand nous recevons le raisin après la vendange, il est égrappé à 50 %. On le refroidit autour des 8/10 degrés pour retarder le départ en fermentation. Ces dernières années, les vendanges s’effectuent sous environ 30 degrés de température extérieure. Cette chaleur a vraiment un effet sur le jus et le raisin. La macération à froid permet d’extraire beaucoup d’arômes, de rendre les vins plus charpentés avec plus de complexité aromatique et gustative et d’améliorer les caractéristiques de la couleur qu’une macération classique.
Avec quoi « Le clos du chapitre » 2018 peut-elle être dégustée ?
Elle ira parfaitement bien avec un gibier, ou un rôti de bœuf, une viande assez puissante. C’est un vin qui convient avec tout, un casse-croûte avec les copains le dimanche soir, vos parents qui arrivent à l’improviste, vous leur faites un petit poulet rôti avec ce cru du Beaujolais et ce sera très bien !
Est-ce une cuvée de garde ou nos abonnés peuvent la boire tout de suite ?
Elle a un beau potentiel de garde, 8-10 ans sans problème. Mais en réalité, on peut la déguster dès à présent. J’ai toujours tendance à dire qu’il ne faut pas trop les garder, si on les conserve mal, ou qu’on les bouscule, elles perdront tout intérêt.
Le beaujolais est encore très associé au (mauvais) primeur, mais peut-il sortir de cette vision ?
Je dis souvent aux gens qui sont réfractaires au Beaujolais ou qui pensent qu’il n’y a que de la piquette dans les Beaujolais nouveaux, qu’aujourd’hui, on ne peut plus boire un mauvais Beaujolais. Les vignerons vieux de la vieille comme on dit, qui faisaient du mauvais Beaujolais ont disparu. Si nous ne faisons pas de bons Beaujolais que ce soit de garde ou nouveau, on ne peut pas les vendre. Nous sommes donc obligés depuis 15 ans, de ne produire que de bons vins ! Les vignerons aujourd’hui, et depuis plusieurs années maintenant, font tout pour concevoir de belles cuvées et redresser la qualité.
C’est un vin qui est dans son temps.
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